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Méta-physique ? Non, méta-modélisation !

La sortie récente de la version 5 du Camunda Modeler, permettant de modéliser les processus métier avec la notation BPMN, nous donne l’occasion de faire un rappel sur la notion de méta-modèle, qui se cache souvent derrière le modèle.

 

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Un méta-modèle pour quoi faire ?

 

3U

 

Les 3U pour la Modélisation, l’Exécution et le Pilotage d’un processus métier

 

  • Un modèle est Utile.
    Si vous n’en êtes pas convaincu, alors vous ne butinez pas sur le bon site ! Car la mise en œuvre de l’Urbanisation du Système d’Information et de l’Architecture d’Entreprise avec méthode, pour une entreprise agile et résiliente, prônée par urbanisation-si.com, est basée sur la modélisation.

 

  • Un modèle doit être Utilisable.
    C’est cet aspect d’un modèle qui est détaillé plus bas dans cet article et qui s’appuie, selon nous, sur la normalisation grâce à un méta-modèle. Et cela permet de passer éventuellement de la modélisation statique à la modélisation dynamique.

 

  • Un modèle est-il Utilisé ?
    Un modèle de processus métier peut être directement utilisé avec la plate-forme adéquate. Souvent, il est toutefois nécessaire d’ajouter quelques artefacts, comme des formulaires de saisie.
    Utiliser un modèle reste la manière la plus efficace de s’assurer que la pratique du processus métier correspond à la théorie. Le modèle de processus est alors indissociable de la réalité. Le processus métier va pouvoir être piloté.
    Un dispositif optionnel comme le BAM – Business Activity Monitoring – permet de compter le nombre d’instances d’un processus métier (combien sont terminés, combien sont en cours, combien sont en erreur, etc.) et de mesurer leurs durées.

 

 

Utilisabilité d’un modèle

 

Intéressons nous plus particulièrement ici à l’utilisabilité d’un modèle. L’utilisation d’un langage ou une notation de modélisation normalisée facilite la réalisation, le partage, la compréhension d’un modèle. Ceci est particulièrement vrai avec la notation BPMN, qui permet notamment aux analystes métier et aux informaticiens de partager des modèles de processus métier et permet même directement leur exécution grâce à un BPMS.

 

Pyramide de modélisation

 

Concernant les langages et les notations de modélisation, la normalisation ne s’appuie pas seulement sur la publication de spécifications détaillées, pour diffuser et partager les éléments de représentation : elle repose également sur un système pyramidal complexe, mais cohérent, de (méta) modélisation.

 

PyramideModélisation

 

La pyramide de modélisation de l’OMG

 

La largeur de chaque niveau est proportionnelle à son nombre d’occurrences. En fait, le nombre d’occurrences se réduit de façon drastique quand le niveau augmente.

 

Niveau M0 : C’est le monde réel (ou imaginé), constitué d’instances qui doivent être représentées par le modèle de niveau 1. Si l’on veut représenter les êtres humains, cela fera plus de 7 milliards d’instances.

 

Niveau M1 : C’est le modèle que nous connaissons tous. Ce modèle représente généralement une partie du monde réel, par exemple, un diagramme de collaboration BPMN qui représente un processus métier. Ce modèle peut également représenter un système qui n’existe pas encore). Il existe sans doute dans le monde entier des centaines de milliers de modèles.

 

Niveau M2 : Le méta-modèle est beaucoup moins connu. Les modèles utilisant un langage ou une notation normalisée respectent généralement un méta-modèle. Tous les langages et notations de l’OMG – Object Management Group – notamment sont fournis avec un méta-modèle. Par exemple, celui de la notation BPMN. Ce méta-modèle est surtout utilisé par les éditeurs de logiciel. Il existe plusieurs dizaines de méta-modèles.

 

Niveau M3 : Le méta-méta-modèle est encore moins connu. Il fixe les règles de représentation des méta-modèles. Il existe très peu de méta-méta-modèles : je n’en connais que deux Ecore et MOF.

 

Pas de niveau M4 : A nos lecteurs qui seraient taraudés par l’idée qu’un méta-méta-méta-modèle (oui, je compte le nombre de « méta » sur mes doigts) serait sans doute nécessaire pour fixer les règles de représentation des méta-méta-modèles, soyez rassurés ! En effet, les méta-méta-modèles possèdent une caractéristique appelée méta-circularité, qui leur permet de se définir eux-mêmes. « Seulement » 4 niveaux numérotés de 0 à 3, donc.

 

Pas de méta-modèles dans les applications de dessin

 

Vous pouvez réaliser un diagramme de collaboration BPMN avec l’application Microsoft PowerPoint (vous trouverez quelques formes simples dans la section Organigrammes), mais vous serez rarement certain que votre modèle BPMN est conforme au méta-modèle. En effet, PowerPoint est, pour la partie graphique, une simple application de dessin qui vous permet d’agencer puis de relier les symboles BPMN n’importe comment. Parmi les applications Microsoft, il vaudra mieux utiliser Visio Professionnel pour réaliser des diagrammes BPMN sérieux, car validés par le méta-modèle BPMN.

 

Utilisation du méta-modèle

 

Les vraies applications de modélisation utilisent le méta-modèle de deux façons différentes :

 

  • En temps réel, pour déduire automatiquement la nature de certains éléments de modélisation. Ainsi, avec un outil de modélisation BPMN, quand on relie deux tâches, la connexion se fera automatiquement avec un flux de séquence (trait plein) si ces deux tâches sont dans le même pool ou bien avec un flux de message (trait pointillé), si ces deux tâches sont dans deux pools différents,

 

  • A postériori, pour valider le modèle avec le méta-modèle. La plupart des outils de modélisation BPMN disposent d’une fonction de validation du modèle et il est fortement conseillé de l’utiliser, afin de ne partager que des modèles valides, ce qui contribue grandement à la compréhension et à la diffusion d’un langage ou d’une notation normalisée.

 

Bonnes pratiques

 

Certains outils vont plus loin que la validation avec le méta-modèle. Signavio Process Manager par exemple peut vérifier également si les bonnes pratiques sont bien appliquées, en l’occurrence celles définies dans le livre de référence de Bruce Silver : BPMN method and style: with BPMN implementer’s guide (2. edition), Cody-Cassidy Press (2011).

 

Le sens critique des utilisateurs humains est toutefois toujours nécessaire pour peaufiner la modélisation. Par exemple, il est recommandé que chaque tâche soit renseignée avec un verbe d’action, suivi d’un complément d’objet direct (Exemple : Préparer commande). Le validateur contrôle que chaque tâche est renseignée (c.-à-d. non vide), mais n’effectue pas une analyse syntaxique du contenu.

 

Validation BPMN avec Camunda Modeler

 

Camunda Modeler, outil gratuit et largement utilisé, dont nous apprécions la facilité d’installation, même quand on ne dispose pas des droits Administrateur sur son PC, ne dispose pourtant pas d’une fonction de validation. Les utilisateurs motivés pourront remédier à cette lacune en installant le module d’extension Linter.

 

Il convient, en plus du Camunda Modeler, d’installer git et node.js, puis à partir du sous-répertoire ..\camunda-modeler\resources\plugins\, de lancer la commande suivante pour installer ce module :

npx degit github:camunda/camunda-modeler-linter-plugin camunda-modeler-linter-plugin

 

Dans le menu Plugins de Camunda Modeler, il suffit d’activer BPMN Linter qui effectue la validation en temps réel. Les erreurs les plus courantes sont alors aussitôt signalées et affichées directement sur l’élément concerné. Mais il est parfois préférable d’attendre la fin de la modélisation (on peut désactiver provisoirement BPMN Linter).

 

BPMN_KO

 

BPMN_OK

Diagramme de collaboration BPMN réalisé avec Camunda Modeler et le plugin Linter

 

Conclusion

 

Ce principe général de méta-modélisation, illustré dans cet article avec la notation BPMN, s’applique à d’autres notations et langages, notamment UML. Pour passer facilement de la théorie à la pratique, il suffit d’avoir un outil de modélisation adapté, qui va masquer la complexité du méta-modèle, grâce à sa fonction de validation des diagrammes notamment.

 

Thierry BIARD

 

“Il importe en peinture, que le portrait ressemble au modèle, mais non pas le modèle au portrait.” (Paul-Jean Toulet)
(Note de Thierry Biard : Il est amusant de noter qu’en peinture, sculpture et photographie, le modèle est le personnage du monde réel lui-même et non sa représentation – le portrait)

 

Compléments de lecture

MOF - ECORE - MDA

Métamodèle TOGAF - ArchiMate

Application des métamodèles

Les critères d'un bon modèle

   



01/06/2022
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