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ADOIT:CE pour la gestion de l’Architecture d’Entreprise

Much ado about something

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Architecture d’Entreprise et outillage

Comme le suggère le titre de notre blog, la mise en œuvre de l’Urbanisation du Système d’Information et de l’Architecture d’Entreprise doit se faire avec méthode. Mais sans outil adéquat, l’application d’une méthode s’avère vite laborieuse.

 

Rappelons qu’il s’agit de mettre en place un référentiel d’architecture (généralement stocké dans une base de données) contenant des objets, qui seront ensuite utilisés pour créer des modèles (diagrammes, matrices, listes et rapports).

 

Les articles de notre blog concernant les outils rencontrant généralement un grand succès, en voici un concernant un outil intéressant, et pas seulement parce qu’il est gratuit.

 

ADOIT:CE (Community Edition) du groupe BOC

Le groupe autrichien BOC, spin-off de l’université de Vienne, propose des solutions pour la gestion de processus métier (ADONIS), la gestion de l’Architecture d’Entreprise (ADOIT) et la gestion des risques (GRC-Suite). Nous nous intéressons aujourd’hui à la solution de gestion de l’Architecture d’Entreprise ADOIT:CE. Il s’agit ici d’une première prise en main, en utilisant le contenu fourni comme exemple.

 

Depuis plusieurs années, l’édition communautaire ADOIT:CE Classic était disponible gratuitement au téléchargement pour une installation locale, mais celle-ci commençait à dater (2013) et s’appuyait sur une version encore plus ancienne du SGBD SQL Server (Microsoft). En outre, la cohabitation avec d’autres applications utilisant également ce SGBD s’avérait délicate.

 

Après quelques années de patience, la nouvelle édition communautaire ADOIT:CE est enfin disponible depuis le mois de septembre 2020, pour une utilisation en ligne uniquement. Seuls un accès à l’internet et un navigateur web sont nécessaires. Mais nous vous recommandons également d’utiliser un grand écran, afin de pouvoir afficher des modèles en entier et lire les noms des objets.

 

Le SGBD SQL Server est, cette fois-ci, chez BOC (ou son prestataire cloud). La Community Edition est une édition gratuite, mais allégée, de l’édition payante Enterprise, qui, elle, peut être utilisée en ligne ou bien installée sur un serveur local (on-premise). Ces deux éditions gratuite et payante semblent alignées sur la même version, la version 11.0.4 la date de publication de cet article. Utiliser une application en ligne (SaaS), c’est l’assurance de disposer automatiquement de la dernière version, sans aucun effort de mise à jour.

 

Pour information, il existe également une application mobile optionnelle nommée « Ask ADOIT », disponible sur Apple Store et Google Play, qui permet de consulter son référentiel d’architecture ou son smartphone ou mieux, sur sa tablette.

 

Initialisation et présentation de l’environnement

Un navigateur web et une adresse électronique valide, pour recevoir le mot de passe, suffisent pour s’inscrire sur https://www.adoit-community.com/account-registration/ avant d’utiliser ADOIT:CE. Lors de la première connexion, quelques minutes de patience sont nécessaires pendant la création de l’environnement, qui est dédié à chaque utilisateur. Car l’édition communautaire d’ADOIT est mono-utilisateur, c’est là sa principale restriction. Après leur mise en mémoire cache initiale, l’affichage des pages est rapide. Il faut indiquer que l’interface utilisateur est sobre, voire dépouillée, en noir et blanc essentiellement. Quelques touches de couleur verte viennent l’égayer légèrement.

 

L’utilisateur n’est pas « agressé » par une multitude de menus et de fonctions, comme il pourrait l’être par d’autres outils concurrents, aux abords beaucoup plus dissuasifs. Mais derrière cette apparente simplicité, se cachent des menus contextuels à deux niveaux, accessibles en cliquant sur le bouton droit de la souris, sur un modèle, un objet, voire un groupe d’objets sélectionnés, et permettent d’accéder à de nombreuses fonctions, qu’il conviendra d’apprivoiser.

 

Des objets et des modèles

Cet environnement est créé avec des objets et des modèles à des fins de démonstration. Le nombre d’objets est limité à 2.000 et 568 objets et artefacts de démonstration sont déjà fournis. Cette limite peut sembler un peu juste à long terme. Le nombre de modèles est, quant à lui, limité à 1.000 et 25 modèles de démonstration sont déjà fournis. Cette fois-ci, cette limite semble très élevée (qui, parmi nos fidèles lecteurs, ont plus de 1.000 modèles pour représenter l’architecture de leur entreprise ?).

 

Deux toutes petites jauges, de couleur verte également, rappellent les ratios d’utilisation des objets et des modèles, par rapport à leurs limites. Sans doute passeront-elles au rouge à l’approche des limites ? Un accès direct et rapide aux objets et modèles récemment ouverts est possible par un menu dédié.

 

Pour créer un nouvel objet, il faut sélectionner son type (61 types différents) et son groupe d’appartenance, c.-à-d. avoir déjà une idée précise de son utilisation ultérieure. L’outil de recherche permet de retrouver facilement un objet ou un modèle. Il est possible d’indiquer un type d’objets uniquement, afin d’obtenir la liste de tous les composants, par exemple, et générer ensuite un diagramme de dépendances.

 

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La sauvegarde des objets et des modèles, sur le cloud donc, est automatique, toutes les 20 modifications par défaut. Si vos données d’architecture sont hautement confidentielles ou si vous devez respecter la souveraineté numérique, il faudra donc préférer l’édition Enterprise payante, que vous pourrez alors installer on-premise.

 

Traduction partielle en français

Il est possible de choisir le français comme langue d’utilisation. La traduction est de qualité. Certaines listes sont toutefois restées en anglais (propriétés des objets et des modèles). La documentation, un manuel utilisateur de 213 pages au format Acrobat PDF, à télécharger à la première consultation ainsi que les vidéos, disponibles au centre de connaissances en ligne, sont, elles, en anglais uniquement. Ce n’est pas très grave, car il s’agit d’une documentation de référence, à ne consulter qu’en cas de besoin, et de vidéos peu instructives. En effet, ces vidéos trop courtes, réparties en deux catégories Débutant et Expert, répondent essentiellement aux questions Comment, mais pas aux questions Pourquoi.

 

La documentation, en anglais donc, concerne l’édition complète Enterprise et décrit quelques fonctionnalités qui ne sont pas disponibles dans l’édition communautaire allégée. En effet, l’édition CE d’ADOIT permet essentiellement de Cartographier et Documenter (ce qui constitue la base du travail de l’architecte d’entreprise, bien sûr), tandis que l’édition Enterprise propose en plus de :

 

- Contrôler et Publier, ce qui a du sens avec cette édition multi-utilisateurs,
pour passer en revue les objets créés par ses collègues, avant de les publier,

 

- Gouverner et gérer, pour obtenir la big picture de l’entreprise (statistiques,
évaluation des capacités, roadmap).

 

Forte orientation ArchiMate

Parmi les modèles fournis, figure le métamodèle d’ArchiMate, reproduit ci-dessous. D’autres standards internationaux sont simplement cités dans la documentation : ITIL, COBIT, TOGAF et RiskIT. N.B. ArchiMate est le langage de modélisation recommandé par le cadre d’architecture TOGAF.

 

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Restitutions

35 vues différentes sont proposées par ADOIT:CE. Par défaut, ces vues sont listées par type et dans l’ordre alphabétique :

 

- Diagrammes de composition et de dépendances,

- Graphiques à barres et à bulles,

- Listes et matrices,

- Rapports bureautiques.

 

A l’usage, il faudra préférer la liste de ces vues regroupées par couche (Reports by Layer), dans l’ordre top-down. Un type de vue peut être utilisé dans plusieurs couches, ce qui permet à ADOIT:CE de proposer une soixantaine de restitutions :

 

- Motivation,

- Stratégie,

- Métier*,

- Application*,

- Technologie*,

- Physique

- Implémentation & Migration.

 

*On retrouve donc, parmi ces 7 couches, 3 couches du POS (Plan d’Occupation des Sols) pour l’Urbanisation du Système d’Information (CIGREF) : seule la couche fonctionnelle entre la couche Métier et la couche Application n’y figure pas.

 

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Cycle de vie des objets

La date de début de validité (facile) et la date de fin de validité (beaucoup plus difficile à estimer) du cycle de vie de chaque objet peuvent être renseignées. Par défaut, tous les objets s’affichent, mais il est possible d’indiquer une date dans le filtre temporel optionnel. Ainsi, en indiquant la date du jour, c’est l’architecture As-Is qui s’affichera, tandis qu’en indiquant une date dans le futur, ce sera l’architecture To-Be. Cette approche, qui ne nécessite qu’un seul référentiel pour stocker les objets du passé, du présent et du futur, est habile. On peut également comparer le modèle To-Be avec le modèle As-Is, mais pour que cette fonctionnalité soit pratique, il faudrait disposer d’un écran encore plus grand.

 

Contenu de démonstration

Le contenu de démonstration fourni en exemple concerne l’architecture d’une banque fictive « ADOmoney Bank ». 24 modèles répartis dans 4 catégories (Gouvernance, Architecture d’Entreprise, Service Management et Gestion des Risques) sont fournis. Les modèles de la catégorie Architecture d’Entreprise sont répartis en 4 sous-catégories d’architecture : Transformation, Métier, Système d’information et Technologie.

 

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La complexité de cet exemple est similaire à celle d’une architecture réelle. Voici un extrait de l’architecture des composants constituant une application et notamment leurs interfaces. Une vue miniature, mais panoramique (en bas à droite), permet d’ajuster automatiquement l’affichage d’un modèle à la taille de la fenêtre ou de zoomer en avant et en arrière. L’écran de 13 pouces d’un notebook est clairement trop petit pour avoir une vue globale du diagramme.

 

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Vous noterez qu’ADOIT:CE dessine automatiquement des petits ponts sur les connecteurs, lorsque ceux-ci se croisent : cela peut sembler être un détail, mais cette simple fonctionnalité contribue grandement à la clarté des diagrammes.

 

Evaluation du portefeuille d’applications

Il est possible d’évaluer chaque application du portefeuille, selon trois critères, dans l’exemple ci-dessous, de satisfaction du métier du métier (axe horizontal), de coût (axe vertical) et d’importance stratégique (taille des points).

 

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Gestion des données de référence

Il est possible de faire du Master Data Management : une matrice entre les composants et des objets métiers peut ainsi révéler que plusieurs composants écrivent dans un même objet métier, ce qui peut révéler des conflits, surlignés en orange dans l’exemple ci-dessous.

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Importation et exportation

Les objets uniquement peuvent être importés au format Excel, ce qui est, en théorie, utile pour récupérer l’existant. Un classeur « ADOIT 11 ArchiMate Excel Import Template (FR).xlsx » est téléchargeable avec 61 feuilles différentes, une pour chaque type d’objet. Rien n’indique si chaque champ est obligatoire ou facultatif… Plusieurs types d’objets possèdent plus de 500 champs ! En pratique, cela ne sera pas très facile à utiliser.

 

Chaque modèle est exportable dans un document autonome, au format Acrobat PDF, ou comme un graphique, au format bitmap PNG ou au format vectoriel SVG, pour être inséré dans un document bureautique, au format Word ou PowerPoint par exemple.

 

La portabilité des données d’un outil vers un autre est un point important également. Il est possible d’importer et d’exporter modèles et objets via des fichiers au format (The Open Group). L’application Archi (www.archimatetool.com) au moins supporte également ce format.

 

Avantages                                     

ü Rien à installer, toujours la dernière version en ligne

ü Interface utilisateur relativement simple

ü Support complet d’ArchiMate

ü Gratuit pour toujours

ü Nombreuses fonctionnalités, pour une version gratuite

 

Inconvénients

û Différences entre modèles, rapports, vues et restitutions peu claires

û Rien pour supporter les diagrammes UML

û Pas d’aide méthodologique, lorsque l’on part de rien

û Les connaissances (ressources) ne sont pas en français

 

N.B. Les diagrammes BPMN sont supportés par l’autre outil ADONIS.

 

Conclusion

En guise de conclusion, si vous utilisez déjà le langage de modélisation ArchiMate ou si vous envisagez de l’utiliser, n’hésitez pas à essayer cet outil lors d’un vrai projet d’Architecture d’Entreprise, puis à partager vos impressions sous la forme de commentaires à la fin de cet article.

 

Thierry BIARD

 

« La rumeur est la fumée du bruit. »
Victor Hugo


10/11/2020
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